Un troisième haut lieu de l’agropastoralisme des Causses et Cévennes, vient d’être inauguré.
Le Bien Causses et Cévennes a été inscrit sur la prestigieuse Liste du patrimoine mondial le 28 juin 2011 au titre de paysage culturel de l’agropastoralisme méditerranéen. Cela signifie que les paysages de ce territoire sont façonnés depuis le néolithique par l’activité agropastorale, que l’on retrouve partout présente au travers des pratiques toujours bien vivantes, du patrimoine ou des savoir-faire.
En cela, l’UNESCO a reconnu le génie humain qui permet depuis des millénaires aux hommes de vivre en harmonie avec leur environnement et de s’adapter aux multiples évolutions, qu’elles soient climatiques, historiques, sociales ou technologiques. Ce territoire est inscrit dans la catégorie des paysages culturels vivants et évolutifs et c’est ce qui aujourd’hui encore en fait sa force et sa particularité.
Ce site Unesco, qui s’étend sur 4 départements (Aveyron, Gard, Hérault, Lozère), est l’un des plus vastes au monde et compte 1400 exploitations agricoles, force vive d’une économie rurale reconnue au travers de cette inscription. La diversité de ce Bien s’exprime au travers de sa géologie, de ses paysages, de ses productions et patrimoines, englobant les causses, les monts Lozère et Aigoual et les Hautes-Cévennes.
Les quatre départements concernés par ce territoire ont créé en 2012 l’Entente Interdépartementale des Causses et des Cévennes, structure basée à Florac et qui a pour mission la gestion, la préservation et la valorisation du site pour le compte de l’État.
Parmi ces objectifs de valorisation, il a été mis en place un schéma d’interprétation dont le but est de mailler le territoire de hauts-lieux de l’agropastoralisme complémentaires les uns des autres, comme celui que nous inaugurons aujourd’hui au Belvédère de Blandas. Un premier a été inauguré l’année dernière au domaine départemental de Boissets en Lozère. D’autres sont actuellement en projet, comme à Roquefort en Aveyron ou au Pont de Montvert en Lozère.
Il s’agit de lieux emblématiques du fait de leur qualité patrimoniale, paysagère, touristique et qui s’inscrivent dans des projets en adéquation avec les enjeux du Bien. A ce titre, le Cirque de Navacelles constitue un écrin particulièrement grandiose pour ce nouveau haut-lieu.
Il s’agit également de lieux appartenant à des collectivités qui en assurent le fonctionnement.
Dans le courant de l’hiver dernier, les élus de la Communauté de Communes du Pays Viganais et du Syndicat Mixte du Cirque de Navacelles ont en effet souhaité mettre à profit le réaménagement intérieur de la maison du site pour la faire évoluer vers un haut-lieu de l’agropastoralisme. L’Entente a pu compter sur leur engagement ainsi que l’implication des équipes techniques pour concrétiser très rapidement la mise en place de ce dispositif d’interprétation.
Ces hauts-lieux ont par ailleurs vocation à s’adresser tant à la population touristique que locale, avec une amplitude d’ouverture assez large. D’un point de vue social et économique, il est important qu’ils s’insèrent dans un projet plus vaste : ici, à Blandas, la présence d’une antenne de l’office du tourisme Sud Cévennes et d’un espace restauration permettent une offre de services complète au visiteur.
L’écueil à éviter dans le déploiement de ce réseau de hauts lieux est la perte de cohérence, du fait de la multiplicité des sites d’implantation. C’est pourquoi chaque haut-lieu est doté par l’Entente de « modules Unesco » créés au départ pour la Maison du site et siège de l’Entente à Florac, ouverte au public depuis maintenant 3 ans. Ces modules sont une introduction au patrimoine mondial, aux valeurs reconnues en Causses et Cévennes et une incitation à la découverte du Bien. Les reproduire sur chaque haut-lieu permet de donner une unité à tous les hauts-lieux, de signifier au visiteur qu’il est toujours sur le site Unesco s’il en visite plusieurs. Ces modules constituent donc la première partie et introduction de chaque haut-lieu. Les modules répondent à toutes les questions que les visiteurs se posent comme par exemple, qu’est-ce que l’UNESCO et le Patrimoine Mondial ? Ils peuvent même visualiser tous les sites UNESCO du monde grâce à l’écran tactile. Ils sauront tout sur ce qu’est un paysage culturel, ce qu’est l’agropastoralisme dans sa diversité. Les modules présentent aussi le territoire et ses trois roches ainsi que l’historique de l’agropastoralisme grâce à la roue du temps, les divers patrimoines générés par l’agropastoralisme ainsi que tous les éléments immatériels de la culture agropastorale. Le parti-pris a été de permettre une découverte ludique au travers de multiples manipulations, supports numériques et interactifs, conçus par l’équipe de l’Entente, et que complètent les cheminements qui permettent de s’approcher au plus près du cirque de Navacelles.
Chaque haut-lieu développe de plus une thématique qui lui est propre et qui correspond à une facette de la culture agropastorale, Ainsi, ici à Blandas, le visiteur peut découvrir la géologie particulière des causses, les paysages karstiques et l’adaptation de l’homme à ce milieu particulier. Les différents hauts lieux ont donc vocation à se compléter et à se répondre d’un bout à l’autre de ce vaste territoire.
Afin que ces hauts-lieux deviennent les symboles de la culture agropastorale, l’Entente s’engage à y mener des animations chaque année tant à destination des visiteurs, que des locaux, dont les scolaires. Cet été, un petit programme d’animations a été construit grâce au partenariat avec le CPIE des Causses Méridionaux et plusieurs de ses structures adhérentes.
Ces hauts-lieux pourraient aussi à terme développer une programmation culturelle entre eux en s’appuyant sur le réseau associatif culturel disséminé mais présent sur tout le territoire.
Ce haut-lieu de l’agropastoralisme, inauguré à Blandas, contribue donc à la valorisation du site Unesco Causses et Cévennes et permet de façon très concrète de donner à comprendre ce site complexe, en immergeant le visiteur dans le paysage, pour qu’il le comprenne mieux et sert un objectif d’appropriation. L’appropriation de ce patrimoine par tous, habitants comme visiteurs, constitue en effet un axe majeur du plan de gestion 2022-2030 du Bien, afin que chacun puisse en être l’Ambassadeur et ainsi contribuer à sa protection et valorisation.